On dirait du plastique : que cache vraiment l’intérieur des sacs de luxe dépecés ?
Qui n’a jamais eu ce petit frisson d’excitation (ou d’angoisse, selon le solde du compte en banque) en s’offrant un sac de luxe, pour se demander ensuite : « Est-ce que ça les vaut vraiment ? » Bonne nouvelle ! Tanner Leatherstein, tanneur et expert en cuir, s’est posé la même question. Mieux encore, il a décidé d’en faire sa mission—presque une vocation—en disséquant à la caméra les plus grands sacs de la planète fashion.
Tanner Leatherstein, l’homme qui découpe les mythes (et les sacs)
Basé à Dallas, entrepreneur et fondateur des marques Pegai et McTroy, Tanner Leatherstein a trouvé sa passion : il démonte, découpe et analyse sac après sac, des icônes de Chanel, Gucci, Prada à Bottega Veneta, sans oublier les maisons montantes comme Polène. Avec une communauté très active de plus de 280 000 followers sur Instagram et beaucoup d’humour (son slogan : « Si démonter un sac à 2 200 $ vous aide à vous détendre »), il décrypte la vraie valeur des pièces… Quitte à heurter quelques susceptibilités.
- Ses vidéos au fond ASMR livrent explications techniques, décryptage du cuir et analyse des coûts réels.
- Son credo : faire la part des choses entre le rêve vendu et la réalité de la matière première et du savoir-faire.
Mais attention, cette opération vérité divise ! Beaucoup reconnaissent que si on paie une fortune, c’est (aussi) pour l’étiquette. D’autres réclament son avis sur « leur » marque chérie : Saint Laurent, Celine, Jacquemus, Longchamp, Hermès… Bref, la passion n’est pas prête de faiblir.
Ce que révèlent vraiment les entrailles du luxe
Dans son laboratoire texan, Tanner n’a qu’une devise : « does it worth it »—en clair, est-ce que ça vaut le coût ? Pour lui, l’essence même du luxe, c’est la rareté : le savoir-faire, la qualité des matériaux et le prestige… Mais pas toujours la justification des prix. Et ça, c’est ce qu’il va montrer pièce par pièce.
- Chanel et le cuir caviar : Quand Tanner s’attaque au « Long portefeuille zippé classique » vendu 1210 euros, la sentence est claire : le cuir « caviar » de Chanel, malgré une réalisation sans fausse note et une attention folle aux détails, est recouvert d’une couche de finition lourde qui ferait presque dire « On dirait du plastique… ». Ce grain particulier est obtenu en pressant un motif artificiel puis en couvrant le tout d’un revêtement épais. Verdict ? Pas un mauvais investissement si l’on veut un objet à l’aspect impeccable et qu’on aime l’image de la maison, mais la noblesse du cuir s’efface derrière le rendu parfait—au détriment du vieillissement naturel.
- Bottega Veneta, la star du moment : Le Mini Arco Tote (2200 euros) a conquis notre expert. En 100% agneau, doublé de daim, doté du motif tressé Intreccio, il est difficile à démonter (et manifestement bien construit). Si vous cherchez du beau cuir et du beau travail, foncez, conseille Tanner.
- Gucci Dionysus Mini : Très bonne surprise là encore avec un cuir robuste, résistant à l’eau et aux rayures. Mais, relève l’expert, des sacs similaires pourraient être fabriqués avec un cuir de qualité inférieure… et donc vendus bien moins cher.
- Prada Saffiano : Il obtient le label « On dirait du plastique… ». Son cuir texturé est champion de longévité et d’imperméabilité, mais le toucher naturel se perd dans le processus. Peut-être pas l’idéal pour les puristes du cuir, mais parfait pour ceux qui veulent un sac qui dure.
- Polène Numéro Un : Bonne nouvelle pour les amateurs d’alternatives haut de gamme et abordables : la maison parisienne séduit par son cuir de veau grainé pleine fleur, fabriqué en Espagne. La finition va jusqu’à la pose astucieuse d’une barre en métal pour consolider la anse, preuve d’un vrai souci du détail.
La conclusion ? Le prix n’est pas toujours synonyme de savoir-faire exceptionnel ou de cuir d’exception. Le prestige pèse lourd dans la balance.
Bonus : conseils d’entretien et astuces de pro
En plus de secouer les dogmes, Tanner Leatherstein glisse au passage quelques conseils malins :
- Pour effacer une tache de stylo : pulvérisez de la laque à cheveux sur la zone, attendez une trentaine de secondes, essuyez avec un chiffon microfibre humide puis appliquez une crème nourrissante sur le cuir.
- Lors de l’achat, privilégiez les cuirs les moins traités : si le grain varie, c’est bon signe ! Un cuir de qualité doit rester naturellement beau, même avec ses petites irrégularités.
À retenir : Avant de casser votre tirelire pour le logo, posez-vous la question « On dirait du plastique ? » et scrutez la vraie nature du cuir. Sinon, vous saurez au moins ce que votre sac a réellement dans le ventre – et pas que du vent de marque.

