Ni hasard ni mode : Pourquoi les chemises hommes et femmes se boutonnent à l’opposé

Date :

Ni hasard ni mode : Pourquoi les chemises hommes et femmes se boutonnent à l’opposé

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, au moment fatidique d’enfiler votre chemise (ou celle de votre moitié, on ne juge pas), vous vous retrouvez en pleine zone de désorientation devant vos boutons ? Si chez les hommes, ils sont à droite, chez les femmes, rebelote, c’est à gauche. Coquetterie ? Caprice de la mode ? Raté de l’industrie textile ? Rien de tout ça : derrière cette contrariété matinale se cache un vrai petit feuilleton historique. Attachez vos ceintures (et vos boutons), on remonte le temps !

Un bouton, mille théories : retour au XVIIe siècle

D’après les lumières du New York Post, il faut filer jusqu’au XVIIe siècle pour découvrir l’apparition de ces fameux boutons. Petite précision : à l’époque, il n’était pas question que tout le monde s’accapare l’objet du désir. Seuls les fortunés pouvaient s’offrir de tels vêtements sophistiqués.

Maintenant, zoom sur la gent féminine. À cette époque, la société considérait les femmes comme plus faibles : un cliché coriace… mais qui a laissé son empreinte jusque dans nos garde-robes ! Les grandes dames de ces siècles dorés étaient aidées par leurs servantes pour s’habiller : les boutons étaient donc positionnés à gauche, pour faciliter la tâche des domestiques, majoritairement droitières elles aussi. On peut dire que l’élégance se payait alors au prix de la liberté de mouvement. Même le médecin du XIXe siècle Havelock Ellis y voyait la preuve d’une certaine infériorité féminine : avec la perte de la rapidité et de la liberté de se vêtir seule.

A lire :  Routine beauté après l’été : comment chouchouter votre peau ?

Quand le pratique rencontre la culture : entre allaitement, armée et codes sociaux

Certaines théories misent pourtant sur des raisons plus terre à terre. Ainsi, Southern Living soutient que le rangement des boutons aurait avantageusement facilité l’allaitement : en portant bébé sur le bras gauche (coucou la team droitiers !), la maman pouvait libérer sa main droite, bien pratique pour déboutonner l’affaire.

  • Le côté pratique de l’allaitement : bébé à gauche, boutons à gauche, main droite disponible.
  • L’assistance des servantes : placer les boutons du côté le plus commode pour elles.

Mais ce n’est pas tout ! Chloe Chapin, historienne de la mode, apporte une idée piquante : la façon dont les boutons étaient cousus permettait de distinguer l’habillement des deux sexes lorsqu’il était primordial d’afficher son identité vestimentaire. Car, surprise, même si dans les années 1880 la mode féminine s’est « masculinisée », il restait tout simplement illégal pour une femme d’oser le look « garçon » en public. Difficile de se faufiler incognito chez les tailleurs, donc.

Des pistes plus martiales sont aussi évoquées. De nombreux détails de notre vestiaire moderne proviendraient des usages militaires : toujours privilégier l’efficacité. Sachant que la plupart des hommes étaient droitiers, mieux valait placer les boutons à droite, quitte à gagner de précieuses secondes pour attraper son arme. L’art du bouton, secret défense ?

Quid de Napoléon et des différences qui subsistent

Last but not least, l’hypothèse napoléonienne ! L’homme d’État, célèbre pour sa posture « main dans le manteau », aurait détesté qu’on l’imite dans la haute société féminine. Touché dans son orgueil par les moqueries, il aurait (soi-disant) exigé que les vêtements pour femmes soient boutonnés à l’inverse de ceux des hommes. Question d’éviter toute confusion ou de préserver son image. On ne plaisante pas avec la légende des boutons… et de la virilité !

A lire :  Erreurs à éviter en maquillage : 10 pièges qui vieillissent

Et puisqu’une subtilité n’arrive jamais seule dans la mode, rappelons que ce n’est pas la seule différence à scruter dans votre dressing. Les pantalons masculins et féminins arborent aussi des braguettes conçues différemment. Derrière ce détail se cachent encore une fois mille suppositions, oscillant entre démonstration de virilité pour les uns, différenciation des tenues de travail en usine pour les autres. Bref, rien n’est laissé au hasard.

Ce que nos vêtements racontent vraiment

En définitive, le bouton n’est jamais qu’un bouton… sauf quand il traduit, en douce, toute l’histoire de l’inégalité entre les genres et la nécessité de distinguer hommes et femmes dans l’espace public. Que vous soyez un champion de la chemise toujours bien boutonnée ou un amateur des tenues dépareillées, souvenez-vous : chaque habit a un langage, et parfois, ce sont les plus petits détails qui parlent le plus fort. En attendant, la prochaine fois que vous lutterez avec vos boutons, rappelez-vous tout ce que ces petits ronds cousus racontent… et portez-les avec panache !

Laisser un commentaire